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Le briquet à hydrogène

par Arnaud Thomasson

 

Portrait d'Alexandre Volta

Les savants de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles vont rivaliser d’ingéniosité pour créer de nouveaux modes d’allumage du feu. Ainsi, à la fin des années 1770, le célèbre physicien italien Alessandro Volta proposa un briquet fondé sur la mise à feu de l’hydrogène grâce à des étincelles électriques.

En 1823, Döbereiner perfectionna ce procédé pour créer un briquet de table à usage domestique. Ce dispositif produisait son hydrogène à partir de l’attaque du zinc par de l’acide sulfurique. L’hydrogène restait alors sous pression dans le corps du briquet. Une éponge de platine catalyseur, une flamme était produite instantanément en ouvrant le robinet qui retenait le gaz. 

L’ « Annale des mines » de 1823 indique le procéder et son avenir pour un système d’éclairage publique à base d’hydrogène, relatant les avantages économiques et physiques d’une telle découverte. Son briquet connaîtra un grand succès en Allemagne et surtout en Russie. Il sera commercialisé jusqu’en 1880, date à laquelle de nombreuses découvertes chimiques seront développés, plus pratiques pour la vie domestique. Le coût de production des briquets de Döbereiner était très élevé, car considéré comme objet scientifique d’avant-garde jusqu’en 1850 on le trouvait dans les matériaux les plus précieux et rares de l’époque. Les verres étaient réalisés en cristal taillé à motif de pointes de diamant, de porcelaine de Paris ou de la manufacture royale de Berlin à de riches décors peints à la main. Les socles furent plaqués des plus belles essences comme l’acajou de Cuba, orné de bronze finement ciselés.

Les premiers exemplaires présentent en leurs bases carrées un disque de plomb remplit de résine que l’ont frottait avec une peau de chat, accumulant ainsi l’électricité statique nécessaire à l’allumage. Il était déclenché de manière simple : le robinet délivrant le gaz tirait une ficelle faisant basculer un axe de cuivre terminé par une boule, actionnant un contact à bascule. L’isolation était assurée par des bagues et cylindres en ivoire tourné. La seconde moitié du XIXème siècle voit une « démocratisation » du principe, décliné en simple verre soufflé, relatant des thèmes populaires (diables) ou de style « chinois » ornés en leurs sommets de personnages. Certains exemplaires de la dernière période ont étés déclinés à la mode japonisante et « Art-Nouveau »

Portrait de Johan Wolfgang DöbereinerJohan Wolfang Döbereiner (1780-1849)

De nombreux autres principes physico-chimiques furent mis à contribution pour créer des briquets. On peut ainsi évoquer des briquets fondés sur une réaction chimique, comme le briquet oxygéné ou le briquet au sodium. D’autres systèmes mettent à profit une étincelle généralement produite grâce à l’électricité statique (briquet à hydrogène, briquet à alcool de Mayr, briquet à alcool et éther de Hess).

Une autre famille de briquets électriques tire partie de l’incandescence d’un fil de platine traversé par du courant (briquet de Klinkerfues, briquet de Satune, briquet de Voisin et Dronier, briquet Luminus). Des exemplaires sont conservés au Deutsches Museum et à la pharmacie du château d’Heidelberg, au Musée Bryant & May de Londres, au Musée des Arts et Métiers de Paris, ainsi que dans quelques collections privées.

Fnepsa Carton PublicitaireCarton publicitaire relatant le briquet hydro-électrique de Döbereiner.

Fnepsa Briquet DOBEREINER

Rare briquet à hydrogène, dit de Döbereiner, en verre soufflé et laiton, base en noyer avec application de bronzes de style Empire à motifs de rosaces et palmettes (rapportés). L’ensemble repose sur quatre pieds boules. France, circa 1830. Dim : 58 x 26 x 26 cm. Modèles similaires dans : « Musée rétrospectif-classe 91-Manufacture des tabacs et allumettes chimiques », Exposition Universelle de Paris 1900, p. 163 (collection H. R. d’Allemagne).

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Porcelaine de Paris

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Détail d'un très beau briquet à hydrogène dit de Döbereiner, en porcelaine de Paris à décors polychrome représentant un archange donnant à manger à des animaux en période hivernale, frises dorées de fleurettes et feuillages. Intérieur en verre soufflé. Fêles arrière et accidents intérieurs. Monture en laiton. France, circa 1830. Hauteur : 21 cm. Modèles similaires reproduits dans : Bryant & May Museum catalogue, Londres-1926, n°1310, p. 237. « La légende du briquet », Ad Van Weert, 1995, p. 22.

Arnaud Thomasson est expert en tabacologie, opium, objets de curiosité et curiosa.

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