Théophile Gautier disait à propos des camées : « Chaque pièce devait être un médaillon à enchâsser sur le couvercle d'un coffret, un cachet à porter au doigt serti dans une bague, quelque chose qui rappelât les empreintes des médailles antiques qu’on voit chez les peintres et les sculpteurs ».
Ces broches, aux profils d’Antiques, posées délicatement sur le cou des romantiques de la fin du XIXe siècle, sont issues d’un art qui remonte à l’Antiquité.
Les romains ont atteint un niveau incroyablement raffiné de cette technique, élégie paradoxale de la guerre ou de la passion amoureuse.
Si le moyen-âge semble se désintéresser de cet art du portrait, la Renaissance, à l’instigation des Italiens et par le truchement de François Ier, le remet au premier plan. Le roi installe des tailleries de pierres précieuses où l’on exécute de nombreux camées à son effigie.
Cette mode persiste au XVIIIe siècle, mais c’est au XIXe siècle sous Napoléon Ier, qu’elle atteindra son apogée. Grand amateur de camées et d’intailles, il crée une école pour sourds-muets où l’on enseignait l’art de l’orfèvrerie et de la taille des gemmes. La couronne de son sacre fut sertie de camées.
Le retour du classicisme permet à cette glyptique de revenir au goût du jour. Le Journal des Dames écrivait en 1805 : « Une femme à la mode porte des camées à la ceinture, au collier, sur les bracelets et sur la tiare. »
Il peut être sculpté dans un coquillage tel le Cassis Rufa à base de rouge aux couches roses et le Cassis de Madagascar plus grand à base marron brun et aux couches blanches. Ce type de camée est tendre, facile à travailler, la sculpture peut donc faire l’objet d’une reprise en cas d’erreur.
Il peut être aussi sculpté dans une pierre stratifiée, c’est-à-dire à plusieurs couches, telles que la cornaline, l’agate ou la calcédoine. L’habileté suprême consiste à jouer des différentes couleurs ou de couches dans la sculpture pour dégager par exemple un feuillage coloré de la chevelure d’une femme.
Le travail de cette pierre demande une grande habileté et de la précision dans la ciselure car la reprise sur une erreur de taille n’est pas rattrapable. La pierre ainsi travaillée était ensuite montée en broche, bague, collier ou en bouton et les montures elles-mêmes pouvaient faire l’objet d’un grand raffinement et s’orner de perles fines, voire même de pierres précieuses et d’émaux.
Aujourd’hui une nouvelle technique de sculpture est apparue qui permet de tailler les agates au laser et ultrasons.
Sont considérées comme camées véritables les sculptures exécutées à la main, sur des matériaux naturels : pierres précieuses, fines, dures ou coquillages.
Les réalisations en résine, ambre, marbre, os ou verre sont considérées comme de faux camées.
De tout temps le camée pierre dure a été un bijou onéreux, il en est de même aujourd’hui. Ce marché suit la mode, il subit la mondialisation.
La cote a été établie par l’achat massif des Japonais qui abandonnent plus ou moins ce créneau.
Françoise Nativelle est expert en bijoux, gemmologie et joaillerie. Expert judiciaire depuis 1991. Membre de la Fnepsa depuis 1996 et membre du Conseil d'Administration depuis 2018. Trésorière adjointe depuis 2021.
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