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Les monnaies de Monaco

par François Würz

 

Double pistole en or Honoré II

Se lancer dans la numismatique monégasque, c’est pouvoir espérer arriver un jour au bout de sa collection. C’est aussi apprendre à connaître l’histoire de cette principauté qui force l’admiration autant qu’elle exaspère (le plus souvent par jalousie)...

Convoitée depuis des siècles par Gênes, l’Espagne, la Savoie, puis la France, elle a réussi par le génie de ses princes à survivre malgré une taille réduite. Amputée des 2/3 de sa superficie à la fin du XIX siècle, elle a su rebondir pour être aujourd’hui l’Etat que l’on connaît.

Dans un souci d’allègement de l’article ci-dessous, je ne ferai pas l’historique de la Principauté en détail. J’essayerai plutôt, dans un esprit de vulgarisation, de faire un survol de la production numismatique monégasque. Je n’y ai pas non plus associé les jetons et les médailles pour la même raison.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les travaux de recherche continuent, et il arrive même que l’on découvre encore des variantes de monnaies déjà répertoriées.

Si l’on a trouvé des monnaies antiques dans le sol de la principauté il ne s’agit nullement d’un atelier local, mais de bien de pièces ayant circulées avec les marchands qui pratiquaient le cabotage et trouvaient abri dans le « port » de Monaco contre le Mistral.

On a fait parfois commencer la numismatique monégasque avec Lucien Grimaldi 1505-1523, mais il est aujourd’hui plus sûr de prendre le règne d’Honoré II (1604-1662) comme point de départ.

Le droit de battre monnaie et sa libre circulation sont autant de signes de la souveraineté d’un Etat que de sa reconnaissance par les pays voisins.

Comme le rappellent messieurs Charlet dans leur ouvrage « Les monnaies des princes souverains de Monaco » (Archives du palais princier, 1997), il y a pour tout souverain un besoin de rentabilité dans l’émission de monnaies. Il faut aussi que la qualité (frappe et teneur en métal précieux) de celles-ci soit reconnue dans les pays alentour pour permettre leur circulation.

C’est réellement avec Honoré II que l’on voit apparaître les premières pièces monégasques vers 1640. Auparavant c’était des monnaies génoises ou espagnoles qui étaient utilisées.

La première production (1640) fut influencée par le système monétaire espagnol (florins, gros, patacs, pezettas, 1/2 pezettas). Puis en 1641, après le Traité de Péronne avec la France, c’est le système français des divisions d’écu qui prévaudra. Ce sont les monnaies que l’on voit le plus souvent. Elles sont rarement dans des états extraordinaires, ce qui explique les prix élevés lorsqu’elles sont superbes. C’est aussi sous son règne que l’on voit apparaître les premières monnaies en or (pistoles et doubles pistoles). Rarissimes, elles font lorsqu’elles apparaissent sur le Marché des prix très conséquents.

Puis c’est le règne de Louis Ier (1662-1701). En dehors de la production traditionnelle, c’est sous son règne qu’apparaissent les fameux « luigini ». Ces pièces d’argent (qui étaient frappées avec l’autorisation de Louis XIV tout comme celles du prince des Dombes), d’une valeur d’un douzième d’écu furent utilisées pour les transactions avec l’Empire ottoman. Le seul ennui, fût que toute la côte ligure devant le succès de ces pièces se mit à en fabriquer également. Celles-ci plus ou moins bien imitées (avec un titrage de métal plus ou moins bon) envahirent le Marché à tel point que cela aboutit finalement à leur désaffection. Il n’empêche qu’aujourd’hui, on trouve nombre de collectionneurs à la recherche de ces variantes et qu’un ouvrage à même été publié sur ce sujet il y a quelques années. Le règne de Louis Ier est riche en production numismatique et il est le dernier prince avant Charles III en 1878 à produire des monnaies en or !

Antoine Ier (1701-1731). Nommé par Louis XIV, ambassadeur Extraordinaire auprès du Saint-Siège, il se fait connaître, à Rome, par son habitude de faire ferrer les chevaux de son carrosse avec des fers en argent à un seul clou ! Néanmoins, son monnayage se limita surtout aux pièces de petite valeur et ses pièces en argent connues (écu, 1/2 écu, 1/4 d’écu) sont très rares.

Honoré III (1733-1795). Bien qu’ayant eu un règne fort long, il n’aura pas une production monétaire importante et seules des petites espèces en métal « non-noble » furent frappées.

Puis c’est la période révolutionnaire pendant laquelle Monaco est envahi et durant laquelle seules des émissions de carte de jeux avec des valeurs semblent avoir été faites sur place. On trouve aussi (mais ils sont rares) des bons, pour des vivres, pour payer la soldatesque occupant la principauté.

Les princes de Monaco ne sont rétablis qu’en 1814 avec le Traité de Paris. Mais les sympathies d’Honoré V pour Napoléon Ier feront que le Traité de Stupinigi imposera un protectorat et une garnison sarde qui seront la source des problèmes puis de la séparation de Monaco, d’avec Menton, Roquebrune et Monti.

Honoré V (1819-1841) fera battre monnaie (système du franc « germinal ») mais les différents qu’il aura avec la France notamment quant à l’écoulement de ses pièces (à cause notamment d’accusations de mauvais titrage, …) fera que la production cessera rapidement.

Fnepsa ECU D ARGENT HONORE II 1

Ecu d'argent Honoré II

Charles III (1856-1889) aura la lourde tâche de gérer une principauté amputée de ses 2/3 par le traité de 1861. Son génie se manifestera dans la création de la Société des Bains de Mer et du quartier de Monte-Carlo. Sa production monétaire se limitera à des 20 et 100 francs en or qui se retrouveront bien souvent sur les tapis verts du Casino. Cette remarque explique l’état rarement impeccable de ces pièces (100F) qui s’entrechoquaient lors de jeux passionnés.

Albert 1er (1889-1922). Mondialement reconnu pour sa passion pour la mer et les sciences, son règne ne sera marqué que par l’émission de pièces de 100 francs or. La 20 francs restera au stade d’essai.

Louis II (1922-1949) est moins charismatique que ces prédécesseurs. Il n’en demeure pas moins celui qui aura réussi à gérer la période de l’entre-deux-guerres et celle de la guerre de 39-40 sans trop de dommages pour la principauté. Il est à l’origine du Grand Prix. Son monnayage sera plus diversifié et important que ses prédécesseurs, même s’il n’y aura que quelques essais en or.

Fnepsa ECU D ARGENT HONORE II

Ecu d'argent Honoré II

François Würz est expert en bijouterie, gemmologie, joaillerie, argenterie, orfèvrerie, numismatique et sigillographie. Membre de la Fnepsa depuis 1992. Membre du Conseil d'Administration depuis 2021.

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