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Les patines sur les pièces tribales (2)

par Jean-Claude Herrera Guttierez

 

Sculpture tribale

Les patines luisantes surviennent suite à des frottements répétés associés à des matières grasses (l’huile de palme), à de la sueur et bien sûr de la crasse.

L’intensité et la fréquence des rites peuvent occasionner des résultats tout à fait surprenants.

Les plus flatteuses sont celles d’un brun-rouge que les Africains appellent « patine téléphone » en relation avec celle que l’on rencontrait autrefois sur les appareils téléphoniques en bakélite après une utilisation intensive.

Les patines par usures entraînent, bien sûr, une coloration du bois qui peut être légère mais aussi un effacement voire une disparition partielle de la sculpture.

C’est le cas des petites statuettes représentant des jumeaux que l’on trouve au Ghana ou au Togo chez les Ewe ou bien au Bénin et au Nigéria chez les Yorouba (célèbres sous le nom d’Ibedji qui veut dire jumeaux).

Réceptacles de l’âme du jumeau décédé, les Ibedji font l’objet d’un culte intense. Celui-ci consiste à le traiter comme le jumeau vivant. Il est donc nourri, lavé et enduit d’huile de palme colorée de rouge d’origine végétale. La ferveur de la mère dans cette pratique entraîne des usures dues à l’aspect malgré tout abrasif de cette nourriture appliquée sur le visage par frottements. Ceux-ci finissent bien souvent par totalement effacer tous les traits du visage. Tout cela est encore bien plus complexe et nous n’en sommes encore qu’à dans de grandes lignes très schématiques.

Composition et divers supports des patines

La composition de ces patines est d’autant plus complexe et variée qu’il y a de rites. On y rencontre des suies de fumées, des matières alimentaires (huile de palme, beurre de karité, bouillie de mil : libélé chez les Dogons ayant un aspect gris-noir craquelé), du sang (sacrifices), des excréments d’animaux (bovidé, volaille), des entrailles, des colorants d’origine végétale (racine), ou minérale (terre, oxyde, kaolin rouge : ngula ou tukula du nom d’un village). Mais n’oublions pas avant tout que la crasse en est un des éléments les plus importants.

Le support le plus répandu de ces patines est sans conteste le bois dont la structure se prête parfaitement à l’accrochage des diverses matières. De par sa densité, sa surface se lustre et s’embellit aisément avec l’usage et le temps. Mais les métaux (fer, bronze), les terres cuites, les cuirs, la pierre, les coquillages les tissus, les plumes, les vanneries sont tous sujets à être patinés dans leurs usages. Les os étaient particulièrement prisés dans les sociétés tribales et ont aussi été le support de patines incroyablement élaborées et impressionnantes.

Conclusion

la patine ou son absence reste le miroir de l’usage rituel ou domestique d’une pièce. Elle traduit l’intensité de la ferveur qui lui a été consacrée dans le temps. Elle contribue aussi à son esthétique mais ne doit en aucun cas masquer ses faiblesses comme souvent dans les copies de mauvaise qualité. Une patine très épaisse et très noire n’est pas forcément synonyme d’ancienneté. Les pièces usuelles domestiques acquièrent très rapidement des patines intenses, parfois du plus bel effet. Il est indéniable que la patine est le premier élément de séduction et qu’une bonne pièce qui en est quasiment dépourvue de par sa nature n’attirera que les regards très avertis.

Les patines luisantes surviennent suite à des frottements répétés associés à des matières grasses (l’huile de palme), à de la sueur et bien sûr de la crasse.

L’intensité et la fréquence des rites peuvent occasionner des résultats tout à fait surprenants.

Retrouvez le premier article sur le thème : les patines sur les pièces tribales (1)

Jean-Claude Herrera Gutierrez est expert en arts premiers. Membre de la Fnepsa depuis 2007.

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