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L'imprimerie : aperçu historique

par Isabelle Scappazzoni

 

Matrice de gravure

Pendant des siècles, la seule manière de réaliser un livre était de l’écrire entièrement à la main. Même si plusieurs scribes recopiaient le même texte, ils ne pouvaient en produire qu’un petit nombre d’exemplaires. Or la demande de livres allant toujours croissant, il devenait indispensable de trouver une manière plus rapide et plus économique de les reproduire.

Les Européens tardèrent à découvrir l’imprimerie. Celle-ci, inventée il y a plus de 1000 ans en Extrême-Orient, ne fut pas en usage en Occident avant la fin du XVe siècle. C’est à cette période que se développent des séries d’innovations techniques : la fabrication du papier à partir de la chiffe, progresse sur le pourtour méditerranéen, en Sicile, en Espagne, en France, pour gagner finalement les régions germaniques. Sa fabrication est le théâtre d’une première mécanisation, autour des moulins à eau et des « piles ». Support beaucoup plus abondant et moins cher que le parchemin, il est d’abord utilisé pour les documents les moins précieux, pièces comptables, archives diverses, manuscrits courants.

La xylographie (gravure sur bois) est la seconde innovation majeure qui apparaît vers 1370 en Occident. On ignore à peu près tout de la fabrication et de l’utilisation des premières images xylographiées. Les sujets sont généralement religieux, excepté la grande production de cartes à jouer. Le bois le plus ancien retrouvé en France est le célèbre « Bois Protat » daté de 1370. L’Allemagne, qui a vu naître le livre xylographique (xylographie, du grec xulon : « bois » et graphein : « écrire »), fut le premier pays, qui grâce aux progrès de son art typographique, pu associer le bois gravé en caractères mobiles, au livre imprimé. La gravure sur bois au XVe siècle a eu comme principal objet, l’ornementation du livre imprimé, en prenant la place qu’occupait la miniature dans les manuscrits.

Ces techniques nouvelles (papier et gravure sur bois) favorisent une diffusion plus large de l’écrit à travers les villes du début du XVe siècle. L’invention attribuée à Gutenberg est la continuité logique de ces innovations commencées à la fin du Moyen Age.

Gutenberg

Inventeur non seulement de l’imprimerie (c'est-à-dire, laisser une impression encrée sur une feuille), mais aussi de la fabrication des caractères typographiques (les types) par taille de poinçons.

Une citation dans un ordre royal émis en 1458 par Charles VII mentionne : « Johan Gutenberg chevalier, demourant a mayence pays dallemagne, homme adextre en tailler de caractères/de poinçons auoit enlumière Linvention de Imprimer par poinçons… » (L. Hellinga, Nicolas Jenson et les débuts de l’imprimerie à Mayence, Revue française d’histoire du livre, n°118-121, Ed. Droz, Genève 2004, pp.25-54).

Gutenberg est à l’origine de l’invention de la typographie, c'est-à-dire des caractères mobiles métalliques (mis au point vers 1450), mais également d’une presse à imprimer et d’une encre qui permet l’impression des deux faces du papier.

Elle offre deux avantages : le métal résiste à l’usure ; la souplesse d’utilisation et de remploi des caractères. En l’espace d’une cinquantaine d’années, on installe des presses à imprimer dans presque tous les états européens.

Pendant près de quatre siècles, les imprimeurs vont utiliser des presses conçues sur le modèle de celle de Gutenberg, même si par la suite l’acier remplaça le bois dans leur construction.

Poinçons et matrices d'imprimerieLes caractères

Pour un livre xylographique, on taille en épargne (en creux) sur bois de fil (dans le sens des fibres du bois) ; les lettres dégagées du bois apparaissent en relief. Sur une plaque de bois, on grave une page entière d’un bloc, caractère par caractère, avec les lettres à l’envers ; puis on encre le bloc et on presse dessus une feuille de papier.

Malgré la longueur de la préparation, le procédé est rentable, comparé au temps de copie des manuscrits, car l’on peut tirer de nombreux exemplaires. Par contre, il présente aussi des inconvénients : l’usure du bois, la longueur de la préparation, l’impossibilité de corriger les erreurs et le fait que le bois est ensuite bon à brûler.

Le livre métallographique apparait dans le milieu des orfèvres au XIVe siècle. La fonte d’un caractère commence par la fabrication d’un poinçon. Le graveur découpe sur la partie supérieure d’une pièce en acier un caractère, un chiffre, une note de musique, etc... C’est à ce stade qu’est déterminée la qualité esthétique du caractère.

Le poinçon est ensuite martelé dans un bloc de cuivre de manière à créer une empreinte : la matrice. Le bloc de cuivre déformé par le martelage doit encore être ajusté pour obtenir une matrice s’adaptant au moule. Un seul poinçon permet de marteler un nombre infini de matrices.

La matrice est ensuite fixée dans un moule et un mélange de plomb, d’étain et d’antimoine y est coulé. On obtient alors une pièce de métal dont une face porte l’empreinte renversée du caractère. Une seule matrice permet de fondre des dizaines de milliers de caractères tous identiques, ce qui est révolutionnaire à l’époque.

Le processus d’imprimerie proprement dit, se déroulait comme suit : la composition placée sur la presse était d’abord encrée avec des tampons. Le papier légèrement humidifié était ensuite fixé entre la frisquette (un cadre) et ensuite on basculait le tympan, d’un mouvement sec, sur la composition encrée.

On tournait une poulie pour faire avancer le marbre sous la platine que l’on abaissait sur la forme en tournant une vis au moyen d’une barre de fer. Ainsi, la pression de la platine produisait une impression des caractères sur le papier. Ensuite on détachait la feuille imprimée pour la faire séchée.

En une journée, une seule presse pouvait sortir 1250 feuilles imprimées recto-verso, dans le cas d’un livre in-folio.

Isabelle Scappazzoni est expert technicien en livres anciens et modernes, enluminures et reliures. Membre de la Fnepsa depuis 2009. Secrétaire générale depuis 2018.

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